Extraits de presse 2014
Noël avec Mozart
au Festival de Toulon
16 décembre 2014

Pour son traditionnel concert de Noël, le Festival de Musique de Toulon a confié cette année les resnes de la programmation au remarquable Martin Gester, musicien affable et peu avare d’explications, à la tête de son orgue et du Parlement de Musique, son ensemble à géométrie variable depuis bientôt 25 années. Pour ces agapes musicales, les musiciens avaient choisi de mettre à l’honneur la musique de Mozart et de ses contemporains pour célébrer un Noël à l’autrichienne.
À travers concerti, sonates, motets, extraits de messe et autres pastorales, censés évoquer la forme d’une messe de minuit, signés Mozart mais aussi Michael Haydn, Nicolà Porpora, Ignaz Holzbauer ou encore Carl Ditters von Dittersdorff, l’orchestre et les chanteurs du chœur transposaient l’auditoire dans l’esprit festif de la nativité dans les pays traversés par les Alpes. L’interprétation, très fluide et pleine de vigueur donnait à ce répertoire prétendument « mineur » une certaine fraîcheur, accentuée par la présence en tant que soliste de Komale Akakpo, jeune virtuose joueur de psaltérion.
La sonorité de cet instrument que l’on a peu coutume d’entendre dans nos contrées donnait à ces musiques un exotisme prononcé, évoquant la magie de Noël par sa texture carillonnante et cristalline typique des instruments à cordes métalliques frappées. C’était là tout le charme de ce concert d’avoir su concilier classicisme et musique populaire dans des œuvres pourtant bien savantes dans leur écriture.
EMILIEN MOREAU

 
Il Pianto di Maria : Haydn & Pergolèse
La mélancolie Pergolèse avec Martin Gester
Pour leur 36ème édition, ce 11 août, les Semaines musicales de Quimper invitaient le Parlement de Musique de Martin Gester en la Cathédrale de Quimper.
C’est placer d’emblée la barre très haut pour un public qui sort de la plage que d’ouvrir un programme au demeurant fort cohérent (Il Pianto di Maria), en proposant un contrefactum de la Cantate que Joseph Haydn composa en 1789 Arianna a Naxos. Haydn (…) ne jouit jamais d’un engouement acquis auprès de plus d’un auditeur. Arianna a Naxos est pourtant une belle œuvre… Destinée à être entendue à l’Ospedale dei Mendicanti durant la Semaine Sainte et rebaptisée ici Maria quaerit Filium, l’attente désespérée de Thésée par Ariane devient ainsi une Cantate de la Passion évoquant la douleur tout aussi intense de Marie au pied de la Croix.
La soprano colorature Dorothée Leclair affronte cette émouvante partition avec une telle concentration qu’il faut un peu de temps pour saisir toutes les subtilités d’une exécution que l’on pense un instant trop confidentielle, trop personnelle… Très concernée, la chanteuse, peu à peu, se libère et envoie la dernière des quatre parties de l’oeuvre avec un bel éclat. Au final, c’est une interprétation émouvante, bien en phase avec l’accompagnement rigoureux d’un Parlement de Musique tout au service du texte et de l’exigeante musique qu’il défend.
(…)
C’est pour le Stabat Mater de Pergolèse que le public s’est déplacé en masse dans l’immense nef de la Cathédrale Saint-Corentin… L’oeuvres de Pergolèse a acquis aujourd’hui une célébrité justifiée. On ne se lasse pas de la profondeur inspirée de ce puits de mélancolie. Ni de ses 40 minutes de tubes qui filent à toute allure. L’œuvre convient parfaitement au Parlement de musique en petite formation depuis le début du concert (2 violons, un alto un continuo, ainsi que l’a conçu Pergolèse, le tout dirigé du positif par Martin Gester lui-même.) Justesse des tempi, plutôt allants, gestion recueillie des silences suspendus, des enchaînements. A Dorothée Leclair s’est jointe Guillemette Laurens. Cette magnifique artiste à la voix intacte (science des piani filés, impeccabilité des nombreux grupetti, chaleur constante du timbre) va élever le niveau de la soirée à un degré d’émotion pénétrant. De surcroît délestée de toute velléité de rivalité, Guillemette Laurens couve sa jeune collègue d’une attention de chaque instant, ne l’écrasant jamais du haut de sa propre renommée. Magnifique leçon d’écoute mutuelle des deux chanteuses. Mémorable interprétation. Quand s’éteint l’Amen conclusif des 13 numéros si inspirés de Pergolèse, le triomphe qui est fait à cette exécution dit de belle façon que l’on ne vient pas d’assister à un Stabat Mater de plus, mais à une soirée que l’on n’oubliera pas, dans la nef bleutée subtilement éclairée d’une douce lumière de lune de la Cathédrale Saint-Corentin, au cœur de cette belle ville du bout de la France.
Le 22 août 2014 par Jean-Luc Clairet, resmusica.com